Dorothée Hilbert
Artiste : Héloïse Hilbert
Mon amoureux
C’est par un matin bien curieux,
Que j’ai rencontré mon amoureux,
Il avait un regard si beau,
Mon cœur s’est mis à chanter tout haut.
On a vécu des jours heureux,
Des jours où on se dit amoureux,
C’était si tendre, si doux, si chaud,
Mon cœur a fait ai,ai,ai,c’est beau.
Et puis un jour d’un vieux tiroir,
Ont ressurgi des idées noires
Qui m’ont grignoté le cerveau
Mon cœur s’est mis à douter tout haut.
Et là en plein cœur du bonheur
Sont apparus les cris, les pleurs,
La grande bataille des egos
Mon cœur a fait ai,ai,ai,bobo.
Même s’il est pur, fort et sincère
L’amour ne vit pas de misère
Il y a eu la fois de trop
Mon cœur s’est mis à pleurer tout haut.
J’ai laissé se refermer la porte,
Sur cet amour, moins vive que morte,
La vie parfois elle a tout faux,
Mon cœur a fait ai,ai,ai, tchao.
C’est par un matin plus chagrin,
Que cette histoire a pris fin,
Mon cœur s’est mis à chanter tout haut,
Lai lai lai lai lai lai lai lai oooh!!
Les parents
Ils étaient si heureux le jour de ma naissance;
Si heureux d’accueillir une si petite présence.
Ils se sont regardés, les yeux émerveillés,
Et ils ont espéré: que je serais bien élevée.
Ils m’ont choisi
Un petit prénom,
Une petite maison,
Des petits chaussons,
M’ont entourée
De petits seins,
De petits dessins,
De petits câlins,
Ils m’ont portée,
M’ont supportée,
M’ont trimballée,
Se sont essoufflés,
M’ont dit de grandir,
De bien dormir,
Et puis surtout,
De faire des sourires,
Des petites risettes
À tante Agnès,
Des petites pirouettes
Les jours de fête,
De bien manger,
De ne pas cracher,
De ne pas pleurer,
Toute la journée!
Ils m’ont choisi
Une petite école,
Une petite carrière,
Du savoir-faire,
Et puis aussi
Des petits amis,
Des petites sorties
L’après-midi,
M’ont habillée
En vraie poupée
Avec deux couettes
Sur les côtés,
M’ont dit qu’une fille
C’était gentil,
C’était fragile,
Douce et docile,
Qu’ça devait être sage
Comme une image
Et savoir faire
Le repassage,
Qu’ça devait aider,
Coopérer,
Et s’occuper
Des nouveau-nés!
Ils étaient si anxieux à mon adolescence,
Alors que commençait le temps des désaccords.
Ils se sont concertés, ils ont bien discuté,
Et ils ont décidé: de ne plus tout tolérer!
Ils m’ont choisi
Des petites mesures,
Des petites gageures,
Des petites censures,
Des petites remarques,
Des remises en place,
Des petits sermons
À leur façon,
M’ont dit comme ça
Que je n’irai pas loin,
Que j’ prenais pas
Le bon chemin,
Qu’il fallait penser
À travailler,
Et arrêter
De se la couler,
Que c’était fini
De sortir la nuit,
De voir les amis
Après minuit,
Et que les garçons
Ce n’était pas bon,
N’en voulaient pas
À la maison!
M’ont dit de choisir
Un petit mari,
Un petit boulot,
Un petit cerveau,
Que dans la vie
Pour réussir,
Il faut s’ouvrir
Et s’investir,
Faut se prendre en main,
Se tenir bien,
Et arrêter
De dormir le matin,
M’ont dit : « reviens
Quand tu as besoin,
Ne va pas trop loin,
Reste près des tiens,
Sois bien polie,
Sois dégourdie,
Fais bien ton lit,
Ne fais pas de chichis ».
Et quand un jour
Je serai maman,
Je comprendrais
Mieux les parents!
Solitude
Tu es mon amie quand il fait gris,
Quand je suis bien au chaud dans mon lit,
Quand je pense ou que j’écris,
Quand je n’ai aucun souci.
Tu es mon ennemie quand on m’oublie,
Quand je suis perdue dans Paris,
Quand je rêve du Mississippi,
Quand tu prends trop de place de ma vie.
Tu es jalouse comme ce n’est pas permis,
Quand il y a du monde tu m’envahis,
Plus je te rejette et plus tu grandis,
C’est sur que tu m’aimes à la folie.
Tu es si belle que j’en frémis,
Quand je m’égare dans la nuit,
Où que j’aille tu me poursuis,
Tu m’aides à trouver qui je suis.
Et si fidèle que je te remercie,
Quand un jour ma vie sera finie,
D’être là, tu me l’as promis,
Allongée dans mon dernier lit.
Démunis
À vous les endurcis,
À vous les démunis,
À vous que l’on ignore,
Vous qui dormez dehors.
À vous les résignés,
Vous les déshérités,
Vous qu’on met de côté,
Vous que l’on foule au pied.
Vous qui cherchez la nuit
Une place où dormir
Quelque part à l’abri
Sous les ponts de Paris.
Vous qui tendez la main
Dans l’espoir de demain,
Vous qui crevez de faim
Dans le petit matin.
À vous les mendiants
Seuls sous le firmament,
Vous que l’on dit clochards,
Que l’on trouve bizarres.
À vous les malaimés,
À vous les rejetés,
À vous que l’on exclut
Vous que l’on laisse à nu.
À vous qui regardez
Vos frères se hâter
La tête obnubilée
Par leurs vies occupées.
Vous qui parfois rêvez
D’un geste, d’un sourire,
Vous parler, s’inquiéter,
Un instant s’arrêter.
À vous que les gens fuient
De peur de se salir.
À vous dont on oublie
Et la mort, et la vie.
Vous que le froid fissure
Pieds nus dans vos chaussures.
Vous qui surtout souffrez
De trop d’indifférence.
Vous que tient écartés
La belle modernité,
Qui se nourrit de fric
Jusqu’à l’obésité.
Elle qui n’ose regarder
Là où elle a échoué,
Elle dont la volonté
Est de tuer la liberté.
15 ans.
Quand j’avais 15 ans, j’étais amoureuse,
Je faisais des serments, ca me rendait heureuse.
Je n’aimais que lui, il m’aimait aussi,
Et je croyais que l’amour, ca durait toujours.
Mais la vie m’a dit que l’amour c’est aussi,
Une fleur fragile qui souvent flétrit,
Des pleurs et des cris, des yeux qu’on oublie,
Des mots qui déchirent, des soirées d’ennui.
Quand j’avais 15 ans, j’étais entourée,
D’amis dévoués que j’aimais écouter.
La fraternité, ça me faisait rêver,
Je croyais que les amis, c’est jamais fini.
Mais la vie m’a dit que l’amitié c’est aussi,
Des petits profits, des mots qu’on trahit,
De la jalousie, du manque, de l’envie,
Des regards qui fuient quand viennent les soucis.
Quand j’avais 15 ans, je vivais la nuit,
Je croyais aux esprits, leur parlais aussi.
Je m’enivrais du calme, de la paix des étoiles,
Et je croyais que la nuit c’est ce qu’il y a de plus joli.
Mais la vie m’a dit qu’la nuit c’est aussi,
Rempli d’ahuris, de loups au poil gris.
La sœur de la folie, de la pédophilie,
De la peur et du bruit, de la solitude aussi.
Quand j’avais 15 ans, je rêvais de grandir
Dans un monde magique où tout serait permis.
On serait tous unis, on se dirait merci,
Et je croyais qu’ici, c’était le paradis.
Mais la vie m’a dit que le monde c’est aussi,
Le royaume du fric, de la haine et du vice;
Des guerres sans merci, des grandes industries,
Des enfants qu’on tue juste pour le profit.
Et je croyais que l’amour, ca durait toujours
Je croyais que les amis, c’est jamais fini
Je croyais que la nuit, c’est ce qu’il y a de plus joli
Et je croyais qu’ici, c’était le paradis.